« Croissance » sur un fil d’eau

Croissance

6 photographies de mortiers posées sur un fil d’eau.

Un mortier représente toujours, à travers le monde, le creuset de la cuisine. Sculpté dans un tronc, il exprime la rencontre de l’arbre et de l’aliment.

Ces photographies de mortiers sont comme des vues d’arbres en coupe. De la coupe d’un tronc, en comptant les cernes de croissance on déduit l’âge de l’arbre et on observe également la trace de certains événements qui ont affecté son développement (incendies, sécheresse ou, bientôt, excès de CO2 !). Ceci sur une échelle de temps graduée en années, et parfois en siècles.

Ces mortiers, je les ai photographiés dans les cuisines d’un village en Casamance (Sénégal). Ils gardent la trace des aliments qui ont constitué le repas familial, et cet usage essentiel et quotidien est la danse de l’arbre devenu mortier – le pilon en battant la mesure.

A la Maison Laurentine, posés sur un fil d’eau, ils nous invitent à remonter le temps et à questionner les évènements qui ont perverti notre croissance. Car si, à l’aune de notre technicité, les sociétés utilisant encore le mortier sont déconsidérées, elles n’en représentent pas moins les dernières cultures non-destructrices, alors que dans le même temps nous en arrivons, par over-dose de croissance, à hypothéquer l’idée même de civilisation, détruisant l’eau, l’arbre et, déjà, l’humain.

Photographies argentiques sous-verre, 50 x 50 cm, photographies de mortiers en Casamance (Sénégal).